Face à un évènement imprévu potentiellement grave, deux émotions néfastes nous guettent : le déni ou, à l’inverse, la panique.
En général l’une succède à l’autre. Plus le déni ou la minimisation auront été importants et durables, plus sévère sera la panique!
On voit bien sûr ce schéma à l’œuvre dans les réactions au clash Trump - Zelensky de vendredi dernier…
Alors comment éviter le déni?
Pour un chef d’entreprise, John Chambers, l'ex-CEO de Cisco, disait qu'il s’agissait de faire preuve d'une “saine paranoïa”, c’est-à-dire :
👉 de traquer ses biais cognitifs, à commencer par le biais de confirmation qui, parmi les informations disponibles, lui fait retenir uniquement ce qui renforce nos croyances et notre confort. Cela doit devenir un réflexe.
👉 de questionner régulièrement ses hypothèses ou croyances, potentiellement fausses et dangereuses : par exemple “mon business n’a aucun risque de se faire disrupter par l’IA”, “nous avons un avantage concurrentiel durable” (ou, dans un autre domaine, “les USA protègeront l’Europe pour l’éternité”)…
Comment les identifier? En général, même dans le déni, nous parvenons à identifier des sources d’inconfort, qui sont des signaux faibles utiles et exploitables.
👉 d’oser contacter véritablement ses peurs en conséquence (tout ceci étant plus facile avec l’aide d’un tiers 😉), puis de transformer ses angoisses en actions : études de marché, consultation d’experts, élaboration de scénarios stratégiques, diversification, plans B…
Sur le déni et la difficulté à faire preuve de discernement, je vous laisse avec ce témoignage poignant de Stefan Zweig ("Le monde d’hier", écrit en 1941-1942) :
“C’est une loi inéluctable de l’histoire qu’elle défend aux contemporains des grands mouvements qui déterminent leur époque de les reconnaitre dans leurs premiers commencements. Ainsi je ne puis me rappeler quand j’ai entendu pour la première fois le nom d’Adolf Hitler. (…) Le nom tomba en moi vide et sans poids. Il ne m’occupa pas davantage. Car combien de noms d’agitateurs et de fauteurs de désordre aujourd’hui depuis longtemps oubliés surgissaient alors dans cette Allemagne délabrée, pour disparaitre tout aussitôt. ”