Phénomènes de cour en entreprise

Mes clients me confirment chaque semaine que Louis XIV est toujours parmi nous : on le trouve en France dans des organisations bien «verticales», dont il est Président – Directeur Général. Les phénomènes de cour existent...

par
Jean-Marc Phelippeau
|
28
September
2020
Pouvoir

Mes clients me confirment chaque semaine que Louis XIV est toujours parmi nous : on le trouve en France dans des organisations bien «verticales», dont il est Président – Directeur Général.

Les phénomènes de cour existent toujours aussi par conséquent. La cour s’appelle désormais COMEX, CODIR, Top 100 ou autre acronyme barbare.

Alors qui mieux que La Bruyère, le moraliste de Versailles, pour décrire les enjeux d’un cadre supérieur ou dirigeant dans un tel empire pyramidal? (*)

« Je crois pouvoir dire d’un poste éminent et délicat qu’on y monte plus aisément qu’on ne s’y conserve. »

« L’on voit des hommes tomber d’une haute fortune par les mêmes défauts qui les y avaient fait monter. »

« Qui est plus esclave qu’un courtisan assidu, si ce n’est un courtisan plus assidu? »…

Rien n’a vraiment changé en plus de trois siècles : dans de tels environnements, réussir sans vendre son âme ni abdiquer totalement sa liberté relève du funambulisme permanent!

Ah si, les coachs ont remplacé les moralistes. Triste époque, vraiment…

Et je fais lire La Bruyère à mes clients, ou La Boétie (Discours de la servitude volontaire, écrit en 1548!).

Parce qu’il n’y a (vraiment) pas que des « entreprises libérées »…

(*) J de La Bruyère, Les Caractères, 1688 – Chapitre « De la Cour », extraits.