Bien gérer les tensions entre associés, un facteur décisif de succès

Selon une étude exhaustive réalisée par Noam Wasserman du temps où il était professeur à Harvard, 65% des échecs de start-ups seraient dû à des conflits entre associés. Avoir des désaccords avec ses associés est normal et...

par
Jean-Marc Phelippeau
|
22
September
2020
Entrepreneuriat

Selon une étude exhaustive réalisée par Noam Wasserman du temps où il était professeur à Harvard, 65% des échecs de start-ups seraient dû à des conflits entre associés*. Avoir des désaccords avec ses associés est normal et même sain pour parvenir à de meilleures décisions et modes de fonctionnement. C’est la manière dont ces désaccords, tensions et conflits seront gérés et vécus qui fera toute la différence.

Passé la lune de miel et l’euphorie du début, des tensions voire des conflits entre associés vont quasi inévitablement se produire dans des situations d’urgence ou de fatigue, ou compte tenu du niveau de stress dans des phases à forts enjeux. Ces tensions pourront être liées à la prise d’une décision stratégique, à une négociation, à l’organisation de l’entreprise ou à des problèmes relationnels et comportementaux.

Schématiquement, on peut dire qu’il y a deux écueils, qui peuvent être liés. Et que bien gérer un conflit va consister à trouver le bon équilibre pour louvoyer entre eux.

Une question d’équilibre (ni non-dit, ni agressivité)

Le premier écueil est l’évitement, le non-dit. Par peur du conflit ou par peur d’endommager les relations, l’équipe (ou l’un de ses membres) va éviter de parler d’un sujet qui pourrait fâcher, jusqu’à ce que celui-ci devienne un « elephant in the room ». Cela peut particulièrement se produire lorsqu’il s’agit d’un problème impliquant les associés de manière personnelle, comme un désaccord sur la rémunération ou le rôle de chacun, ou bien une critique à formuler concernant la contribution ou le comportement d’un associé.

Ce risque est aussi plus élevé lorsque les associés sont avant tout des amis ou des membres d’une même famille, car la relation est alors souvent perçue comme plus importante que le projet entrepreneurial.

Ces non-dits vont à terme générer rancœur, colère, anxiété et désengagement au sein de l’équipe. Cela peut aller jusqu’au point où les associés prennent le plus grand soin de ne jamais se croiser au bureau…

C’est l’écueil de la guerre froide, ou de la drôle de guerre.

L’écueil opposé est le conflit qui dégénère en agressivité et en violence, par incapacité d’un ou plusieurs des associés à canaliser ses propres émotions et à exprimer ses désaccords ou besoins légitimes de manière appropriée. La conséquence peut être une ou des relations durablement endommagées, dégradées.

Dans ce cas, c’est la guerre tout court. Et s’il y a un couple ou une fratrie parmi les associés, les dégâts peuvent s’étendre au delà du projet entrepreneurial, un « cloisonnement » pouvant être difficile à mettre en œuvre.

De l’importance de « mettre du tiers »

Afin d’éviter ces deux écueils, se faire accompagner, individuellement ou en équipe, par un tiers de confiance extérieur (un membre du board ou un coach) pourra grandement aider à réguler les relations au sein de l’équipe si la tâche fait peur et parait complexe, voire insurmontable.

La maitrise d’outils comme ceux de la Communication Non Violente, permettant d’exprimer un feedback critique ou une demande de manière à ce que le destinataire le prenne comme une aide (avec une intention positive) et non comme une attaque sera essentielle.

Plus le problème sera traité tôt, plus les chances de succès seront élevées. A défaut, ce n’est pas un coach mais un médiateur ou des avocats que les associés risqueront de devoir appeler…

(*) Noam Wasserman, The Founder’s Dilemmas, Princeton, 2012.

Pour aller plus loin :

https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/entreprise-six-conseils-pour-surmonter-un-conflit-entre-associes-130412